Le discours d’Eric Thomas devant l’Assemblée élective

M le Président de la FFF,
Cher Jacques, Cher David, ainsi que vos équipes respectives,
Mmes et Messieurs les membres du Comex,
Mmes, Messieurs les Présidents des Districts de France,
Messieurs les Présidents des Ligues,
Messieurs les Présidents des clubs professionnels,

C’est un plaisir de passer derrière David, la 2e équipe de Noël Le Graët dans cette élection, si j’ai bien compris...

C'est un honneur et une fierté d'être parmi vous aujourd'hui avec Emmanuel PETIT, comme Ambassadeur, que je souhaite saluer pour son engagement à nos côtés. C’est un grand champion qui n’a pas oublié d’où il venait.

Je suis très heureux de pouvoir m’exprimer devant vous tous réunis, car vous êtes le football, nous sommes le football !

Nous sommes venus vous parler de la France du Football, celle des Professionnels, comme celle des Amateurs. Celle qui espère des titres et des lendemains qui chantent. Comme celle des fins de mois difficiles, qui se désespère d’un quotidien devenu oppressant.

A vous écouter, Président, notre football ne se porte pas si mal, un contrat Nike renégocié à la hausse et des équipes de France qui retrouvent le chemin de la victoire. Un Euro réussi grâce à la bonne organisation de l'UEFA, 6000 bénévoles mobilisés, des stades rénovés et joyeux… Une belle fête assurément.

La réalité de votre bilan est beaucoup plus contrastée et pour tout dire c’est un bilan que le football amateur, qui n'a pas été convié aux festivités de l'Euro, juge très sévèrement.

C’est pourquoi notre équipe porte un espoir de changement. Un espoir qu’on n’entend jamais dans les médias, un espoir porté par les milliers de bénévoles anonymes du football, fatigués des promesses non-tenues.

La voix d’un « foot d’en bas » usé, découragé, abandonné par sa Fédération. Notre foot amateur se meurt et la FFF regarde ailleurs.

Car la réalité de votre bilan Cher Noël est calamiteuse :
4 000 clubs amateurs ont disparu durant les 4 ans de votre mandat !

Présider la FFF, ce n’est pas céder à l’inertie, au fatalisme et à l'immobilisme ! C’est accorder beaucoup plus de liberté et de place aux expériences des territoires

Présider la FFF, ce n’est pas promettre un effort financier sans précédent pour les amateurs de 60 M€ (en réalité 10 M€) et en parallèle organiser le prélèvement de 120 M€ sur les ressources des clubs amateurs.

Présider la FFF, c'est permettre à Luzenac de jouer en Ligue2. La mise à mort de Luzenac à l’été 2014 est symbolique de vos pratiques d'un autre temps. Le rôle de nos hauts dignitaires n’était-il pas de rendre possible l’accession de Luzenac, plutôt que de tout faire pour l’empêcher ?

Présider la FFF, ce n’est pas écrire tous les 4 ans qu’il faudrait un statut particulier du dirigeant- bénévole, qui donne autant de temps à la collectivité et pour son sport.

C’est le créer.

Présider la FFF, c’est refuser que tout procède d’un seul homme. C’est partager, écouter, faire participer tous les acteurs du football aux grands débats qui les concernent.

Présider la FFF, c’est ouvrir le football à la diversité et à la féminisation. Avec 115 000 féminines en France, nous sommes très loin des autres grandes nations. Pour développer le football féminin, il faut que la FFF se dote d’une stratégie claire, d’un calendrier précis et de moyens dédiés.

Présider la FFF, ce n’est pas ‘‘diviser pour régner’’, c’est avoir la même considération pour les Professionnels, comme pour les Amateurs. C’est vouloir une LFA restaurée dans son autorité, autonome juridiquement et financièrement pour représenter les intérêts du foot amateur.

Avoir la conviction que le football de demain se construira ensemble, Professionnels et Amateurs réunis dans le respect de nos différences, avec une nouvelle LFA qui devienne l'alter-ego de la LFP. C'est parce que nous aimons passionnément le football, qu'il nous faut plus et mieux travailler ensemble !

Présider la FFF, c’est protéger ses clubs en Coupe d’Europe, en confiant aux élus de la FFF les intérêts supérieurs du football français.

Présider la FFF, c’est avoir de l’ambition pour l’Equipe de France, tout en insufflant des valeurs nouvelles. Et supprimer les primes des internationaux, car jouer en Bleu, doit être un honneur et une fierté.

Présider la FFF, c’est encourager l’arbitrage. L’arbitrage fait et fera toujours couler beaucoup d’encre. Saisons après saisons, nous constatons que les effectifs des arbitres diminuent, et que le corps arbitral souffre d’un réel manque d'écoute, de formation et de soutien.

Nous ne pouvons que constater, outre la diminution des vocations, une baisse constante de la présence des arbitres français au niveau international.

Clément Turpin est le seul arbitre français en TOP Liste pour 2017. Alors qu’on retrouve 4 espagnols et 4 italiens…

Il faut revoir intégralement la politique de l’arbitrage, sa conception, son animation et sa gestion

Présider la FFF, c’est préserver sa neutralité, son intégrité, face au communautarisme et face aux clientèles. Ce n’est pas mettre sous tutelle la ligue de La Réunion au profit de ses vieux amis…

Ce n’est pas afficher sa préférence pour travailler avec tel ou tel agent (Cash Investigation), c’est au contraire réformer la profession, afin que l’agent devienne salarié du joueur et qu’il ne puisse pas cumuler les fonctions d’agent de joueurs et d’entraineurs ou de sélectionneur national.

Présider la FFF, ce n’est pas subir la réforme couteuse des territoires, qui nous éloigne des licenciés. C’est anticiper et aller plus loin dans la DECENTRALISATION du football.

Présider la FFF enfin, ce n’est pas M. le Président, vouloir conserver le pouvoir pour un exercice solitaire et sans partage. C’est voir plus loin, comme le préconise le Sénat, et démocratiser notre sport pour répondre aux exigences de nos 2M de licenciés. C’est permettre, de manière égalitaire, le vote des 14 000 clubs amateurs, comme celui des 44 clubs professionnels. À la Fédération Française de Rugby, petits ou grands, tous les clubs votent.

La confiance est un mot qui ne figure pas dans nos règlements, qui ne coûte rien mais qui peut rapporter beaucoup. C’est pourquoi, il faut redonner confiance au Football Français.

Comment ? Simplement en changeant tout à la FFF. Encourager, plutôt que décourager, car trop de normes et de contraintes nous étouffent.

Conseiller, plutôt que réprimer, toutes vos amendes nous asphyxient.

Dialoguer, plutôt qu’imposer, car nous n'en pouvons plus de n'être jamais entendu.

Nous voulons remettre le club au cœur du football.

Le club, qu’il soit amateur ou professionnel, demeure la structure de base du football. Lieu de plaisir, d’apprentissage, de partage, d’épanouissement

Nous sommes des acteurs passionnés et responsables du ‘‘foot d’en bas’’. Nous voulons devenir des CITOYENS de notre sport.

Notre espoir de changement, nous le remettons entre vos mains…

Et, parce que nous n’aurons sans doute pas d’autre occasion de nous exprimer, nous voulons dire qu’en cas de second tour de scrutin, nous demandons aux électeurs qui nous auront apportés leurs suffrages de reporter leur confiance sur Jaques ROUSSELOT et son équipe.

Je vous remercie.

Eric THOMAS
Assemblée de la FFF
Paris, le 18 mars 2017